Si loin, si proche

Le temps politique est toujours ironique.

Il y a 5 ans, lorsque l'on commémorait les 10 ans de la disparition de François MITTERRAND, certains se pressaient pour ne pas être là. On était encore au temps du temps des inventaires. Le passé sombre rodait. Le bilan social était peut-être contestable, en tout cas il était contesté.

Aujourd'hui, pour les 15 ans de la mort de François MITTERRAND, les mêmes absents sont bien présents et certaines n'hésitent pas de croire que plus elles en feront, plus elles feront oublier leurs errances, quitte à griller quelques politesses. Des livres au contenu creux tentent par quelques titres aguicheurs de relancer les polémiques (ou assurer leurs ventes?), mais plus rien n'y faire, le vent de la polémique ne prend pas.

Il faut dire, après 17 ans loin de l'Élysée pour la Gauche et surtout 8 ans hors du pouvoir National, face à une Droite arrogante et destructrice, la qualité du bilan social et sociétal des "Années MITTERRAND" apparaît toujours plus important.

Les manques bien sûr furent nombreux, du chômage au droit de vote et d'élégibilité des étrangers, les ambiguïtés regrettables. Mais l'amertume l'emporte!

La retraite à 60 ans était-elle une mesure efficace? Aujourd'hui, la retraite c'est à 67 ans, avant la prochaine réforme "systémique" promise pour 2013! L'ISF était de trop? Aujourd'hui, on a inventé le bouclier fiscal et l'ISSF: l'impôt sur les sans fortunes, la fiscalisation des plus modestes pour défiscaliser les plus riches par soucis "d'efficacité économique", une efficacité économique qui développe le chômage et la précarité. Dépénalisation de l'homosexualité et abolition de la peine de mort étaient des mesures évidentes? Aujourd'hui, il n'y a toujours pas d'ouverture du mariage aux homosexuels et les personnes "à risques" peuvent être gardées en prison après avoir purger leur peine. C'était un sphynx monarchiste? Aujourd'hui c'est bling-bling et fautes de français.

Ah oui, ils en avaient honte ou presque de la France mitterrandienne...

Doit-on donc finir par remercier Tsarkozy pour nous rappeler ce que l'on doit à François MITTERRAND, "nous" non pas la Gauche, "nous" les citoyens remplis d'espoirs et d'ambitions émancipatrices.

MITTERRAND est mort? Vive MITTERRAND!

MITTERRAND est mort? Le Mitterrandisme reste! Le Mitterrandisme, c'est-à-dire non pas seulement un bilan, fut-il dense et primordial, mais une vision de la société, une forme d'action, une conviction: on peut changer la vie, on doit changer la vie.