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Le multiculturalisme français est une invention sarkozyste

Publié le par Stéphane GOMEZ

A mauvais film, mauvaise suite : après l'identité nationale, le multiculturalisme. Ficelle politique de l'UMP ? Certainement. Ce pouvoir à bout de souffle ne sait plus comment faire oublier ses promesses évaporées, les manquements de ses ministres à l'esprit public, le vide de résultats et la crise de l'avenir qui font son bilan.

 

Offensive de la droite européenne ? A coup sûr. Le triumvirat conservateur Cameron-Merkel-Sarkozy, incapable d'offrir à l'Europe une autre voie que l'austérité économique et sociale, témoigne d'une plus grande inventivité pour attiser la xénophobie qui a pourtant meurtri le continent. En réalité, plus personne ne cherche quelle idée de la France peut avoir un président qui n'a cessé de diviser son peuple et qui ne lui offre pour modèle qu'une Suisse en guerre contre ses minarets. Personne n'est dupe de la surenchère à laquelle se livre le parti présidentiel pour contenir la concurrence du Front national. Du coup, personne ne réplique à Nicolas Sarkozy lorsqu'il lance sur TF1 : "Le multiculturalisme est un échec."


En France, le multiculturalisme n'a pas échoué, il n'a jamais existé ! A la différence du Royaume-Uni ou des Pays-Bas, notre pays n'a pas suivi la pente du différentialisme. Nous sommes une République, une communauté nationale qui n'est pas l'agrégat de communautés d'origines, de langues ou de religions. C'est sur l'égalité, la laïcité, le partage de la langue française et l'émancipation par l'école que se fonde l'identité républicaine.

 

Ce modèle est perfectible, c'est une évidence quotidienne. L'intégration socio-économique des étrangers et de leurs enfants peut être grandement améliorée. Mais l'intégration culturelle de ceux que la France accueille est exceptionnelle. L'immense majorité des étrangers apprend en peu de temps notre langue, respectent nos valeurs, nos lois et nos institutions. Ils aiment et transmettent notre culture commune à leurs enfants, Français à part entière. Que ceux qui doutent visionnent L'Esquive, le film d'Abdellatif Kechiche, où des adolescents d'une cité en banlieue parisienne, déclament passionnément les vers de Marivaux. En deux heures, sont restitués l'engagement, le découragement mais finalement l'espoir qu'éprouvent, une vie durant, des professeurs, des bénévoles associatifs, des élus locaux et tant de parents.

 

Le creuset français permet à tous d'être égaux et distincts. Encore faut-il que la promesse républicaine soit tenue, que le chômage de masse ne mine pas son projet, que la justice s'impose – et d'abord au sommet –, que le respect de la loi aille de pair avec celui des personnes.

 

Hormis Vichy, ce cadre républicain a traversé les époques, les régimes, les gouvernements. Voilà qu'il fait l'objet d'une remise en cause frontale depuis l'été 2010 et un certain discours à Grenoble, quand le plus haut personnage de l'Etat a accusé des "jeunes de la 3e ou 4e génération de ne pas aimer la France". Ont suivi la résurgence de l'assimilation dans les discours du secrétaire général de l'UMP ou l'injonction du président du groupe majoritaire à l'Asssemblée nationale aux personnalités de l'opposition de "faire terroir".

 

S'il existe, le multiculturalisme n'a éclos dans notre pays qu'au cours des années récentes par la volonté de Nicolas Sarkozy. Celui qui, soudain, fustige le multiculturalisme est le même qui prônait la discrimination et la laïcité positives au point de nommer un préfet musulman en 2003 ou d'affirmer que "l'instituteur ne pourra jamais remplacer le prêtre ou le pasteur" en 2008.

 

"A LA GAUCHE DE RÉAGIR ET D'AGIR !"


En 2012, la gauche devra moins répondre aux contradictions et aux provocations du président sortant qu'aux préoccupations des Français. Or, ils sont inquiets et souvent désespérés. Inquiets face à la crise, qui a toujours nourri le repli sur soi. Désespérés face à une Europe en panne faute de frontières claires et de projet précis, qui expose ses salariés et ses entreprises aux dérives de la mondialisation au lieu de les en protéger. Anxieux aussi, il faut le reconnaître, face à l'islam dans le monde qui, pour l'heure et dans de nombreux esprits, reste hélas davantage celui de l'après-11-Septembre que celui des révoltes démocratiques arabes. La confiance des Français en leur capacité à vivre ensemble se fissure. A la gauche de réagir et d'agir !

 

Sur la laïcité par exemple, il faut en même temps refuser la stigmatisation des musulmans et inscrire sans ambiguïté l'islam, comme les autres religions, dans le cadre de la loi de 1905. Elle est une loi de liberté avant tout : elle a libéré l'Etat de toute influence confessionnelle, protégé les cultes de tout contrôle politique et garanti à chaque citoyen la distinction entre sa vie privée et la sphère publique. Il faut rompre avec le refus administratif systématique opposé par certains élus à la construction de mosquées par les croyants, auxquels il incombe par ailleurs de financer leurs lieux de culte. Et chaque fois que la droite agite la peur des minarets, rappeler que le plus ancien du pays est celui de la Mosquée de Paris, construit en hommage aux 70 000 musulmans morts pour la France pendant la Grande Guerre et lieu de la Résistance durant l'occupation.

 

Surtout, la gauche doit faire prévaloir la question sociale sur la question raciale. La discrimination positive ne règlera jamais le malaise des ghettos. La diversité cosmétique ne redonnera ni voix ni poids aux classes populaires et aux couches moyennes précarisées. Le communautarisme, qui fige chacun dans son identité, ne sera jamais une réponse efficace aux discriminations. C'est l'ambition pour l'école et les services publics, pour l'emploi et la production, pour la rénovation démocratique et la solidarité territoriale, qui préservera et améliorera notre système d'intégration. C'est ce combat qui permettra à chacun, une fois refermée la parenthèse sarkozyste, de trouver sa place au cœur de la République.

 

Guillaume Bachelay et Mehdi Ouraoui, secrétaires nationaux du Parti socialiste

Tribune dans Le Monde

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C
<br /> <br /> Je suis parfaitement d'accord avec l'analyse que vous faiteCar au royaume des incapable la stele est dejà irrigee. Nous sommes tous different  est ce qpour celà que l'on ne doit pas se<br /> comprendre et vivre ensembleLes aines ont apres des siecle de combat mis les outils du vivre ensemble la laïcite maintenant a chaxcun de se donner ses priorites Dans l'absolu que veulent les<br /> peuples vivre decement Et que voyons nous du bling bling partout la seule valeur montanate c'est l'argent  Comment doivent ils faire pour en avoir se prostituer ou travailler honetement sans<br /> avoir honte a la fin du mois de ne pas pouvoir manger? Ne serait ce pas la la vraie question Croyez vous au parcour de ses imigrants couchant ameme le sol bravant toutes ces vicissitudes pour<br /> trouver l'eldorado? Essayez ?<br /> <br /> <br /> <br />
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