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HENRI GUAINO ET LES NICHONS D'ANGELINA JOLIE

Publié le par Stéphane GOMEZ

Longtemps semble avoir prévalu le consensus que GUAINO représentait l'aile modérée du sarkozysme, consensus qui me laissait pour le moins dubitatif. Dubitatif non pas de croire que parmi les sarkozystes il fut l'un des « modérés », mais parce que l'idée d'une aile modérée dans le sarkozysme, praxisde division et d'exclusion, m'a toujours apparu comme une création médiatique in fineau service de la conquête et de l'occupation sarkozystes du pouvoir. Et puis, parmi les « modérés » du sarkozysme, GUAINO faisait mauvaise figure, lui qui pendant des années a prêté sa plume à l'expression des idées les plus rétrogrades de Nicolas le petit, avant que Philippe BUISSON ne vienne y prêter l'ossature réactionnaire pour y donner une cohérence de forme. Comment l'homme qui avait écrit tant d'immondices pour son maître aurait pu d'une quelconque manière être l'expression d'une Droite soft, plus tolérante, plus ouverte ?

 

La suite devait se charger de le démontrer. Car en dehors de se caractériser par son faible charisme (situation toujours paradoxalement amusante pour celui qui su trouver les mots qui élevèrent la capacité de tribun de Nicolas SARKOZY), Henri GUAINO a fait montre de tous ses talents, et ils se sont révélés peu nombreux. D'abord il se fit parachuter sur une circonscription acquise à la Droite (où il réussira quand même mieux que Claude GUÉANT), car se présenter à une élection, oui, mais seulement si on est sûr de la gagner. Ensuite il voulut se présenter à la présidence de l'UMP, mais là il y avait concurrence, alors il a courageusement préféré battre piteusement en retraite, retraite il est vrai rapide tant le terrain conquis se résumait à rien et que sa candidature n'était qu'une bulle médiatique qui permettait de vendre un peu de temps d'antenne. Sur ce piteux bilan, l'état de grâce devait se clore.

 

Sur le fonds des fonds abyssaux, Henri GUAINO brilla par son absence de travail législatif, jusqu'à la proposition de loi de mariage pour les homosexuels, où, trouvant une jeunesse qu'il n'avait vécu, il fit feu de toute part, monté sur un camion de la « Manif pour Tous » pour contester les chiffres de la Police et évoquer le « peuple libre », prophétisant que tout cela allait « très mal finir » comme certains appellent à l'insurrection. Avant, à l'Assemblée Nationale il en avait appelé au référendum (illégal depuis qu'en 1983 la majorité de Droite au Sénat s'est opposé à la réforme proposée par François MITTERRAND !) puisque le Parlement serait sur ce sujet… illégitime ! Venant d'un député de la République… Tout ça pour se tromper de bouton et voter « pour » l'égalité des droits : mais que voulez-vous, quand on n'a pas l'habitude du travail parlementaire, on ne sait pas comment voter correctement !

 

Tout cela pourrait être aussi insignifiant que le personnage, si cela ne trahissait pas une conception d'une partie de la Droite qui se dit pourtant républicaine : ce n'est pas telle ou telle mesure qui est illégitime, c'est la Gauche même au pouvoir qui le serait ! Le thème n'est pas nouveau, Jean POPEREN le développait avec précision dès 1974, dans son Histoire de l'Union de la Gauche, lorsque la Gauche n'était pas encore au pouvoir mais que la Droite le redoutait déjà. Elle développait alors, déjà, des arguments qu'elle nous ressort 40 ans après : la Gauche est économiquement incompétente (c'est bien sûr le PS qui a creusé le déficit de 600 milliards d'euros ces dernières années!), la Gauche est illégitime au pouvoir,… Et donc, face à la Gauche qui occupe légalement mais illégitimement le pouvoir, tous les recours sont bons, l'argument moral et le procès en compétence, le recours systématique au référendum (qui est à la démocratie ce que la musique militaire est à la musique) ou l'appel à l'insurrection. La Gauche au pouvoir, pour ces gens là, qui font des grands slurp en mangeant leur caviar, est totalitaire par nature car elle occupe en les excluant leur bien, leur précieux.

 

En fait, pour cette Droite là, la démocratie ne vaut que si le peuple « vote bien » c'est-à-dire vote pour eux. Le pouvoir est à elle, à eux, c'est leur bien « naturel », avec lequel ils peuvent tout se permettre, de droit ! Autrement, c'est illégitime ! Voire, c'est totalitaire, cette Gauche qui exerce la délégation de la souveraineté populaire pour mener une politique qui n'est pas la « bonne » puisqu'elle n'est pas la leur !

 

En cohérence, quand Monsieur GUAINO est convoqué devant un juge, il le refuse : ce n'est pas démocratique qu'un juge veuille entendre un justiciable, en tout cas pas dans leur « démocratie de Droite » qui établit que l'égalité de droit ne vaut que si les privilèges d'une caste, la leur, sont maintenus. L'événement est passé presque inaperçu, mais il est quand même fondamental dans notre conception de leur démocratie et leur rapport au pouvoir : 105 UMP députés sur 196 (on est donc largement au-delà la moitié) soutiennent le député GUAINO lorsque le citoyen GUAINO refuse de se soumette comme tout un chacun à la Justice républicaine. Dans certains pays, on a vu des ministres démissionner pour moins que ça…

 

Tout cela, me direz-vous, est bien loin d'Angelina JOLIE et de sa poitrine (qui est peut-être le seul argument qui vous a poussé à lire ce post, non pas Mademoiselle JOLIE, mais sa poitrine), à quoi je vous réponds que vous avez bien tord de m'interrompre et que vous n'avez qu'à lire jusqu'au bout mon article, car justement, j'y arrive, les seins d'Angelina pointent le bout de leur nez.

 

Le lien, c'est bien sûr le tweet de Christine BOUTIN, qui, alors que tout le monde applaudissait au courage d'Angelina JOLIE qui rendait publique sa double mammectomie, se demandait, elle, si Miss Lara Croft envisageait ainsi de devenir un homme. On me dira que je pourrai être chrétien avec cette crétine bien peu charitable, que je pourrai la laisser s'enfermer dans sa dépression et ne pas relever le gant comme elle elle abaisse le niveau. Mais au-delà du cas BOUTIN-train, ce qui importe c'est ce que cela continue de relever des liaisons intellectuelle de la Droite dite républicaine et de l'Extrême-Droite. Certains, à Droite, ont beau répéter qu'ils ne mangent pas de ce pain là, ils ne dédaignent pas en tout cas ces pains au chocolat.

 

Le propos de Christine BOUTIN est juste pathétique. Il réduit les femmes à une paire de seins, à une caricature de réalité biologique. Au moment où on s'interroge sur la Panthéonisation de Simone de BEAUVOIR, elle n'en est pas encore au niveau d'Olympe de GOUGE ! Cela va bien avec le personnage, qui, quand il ne prêche pas avec sa Bible dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale, se fait payer toute honte bue comme un saint calice un rapport sur la pauvreté !

 

Mais l'obsession navrante de BOUTIN, qui veut nous entraîner dans son naufrage, est riche de ce qu'elle ne dit pas mais affirme. Dans le monde de BOUTIN et compagnie, les femmes n'ont pas de mammectomie même en cas de cancer, les homosexuels ne se marient pas, les étrangers ne votent pas, la PMA ne doit pas exister même pour les femmes hétérosexuelles dûment mariées, et le Parlement n'est pas légitime à légiférer sur le monde des Hommes, car il y a une loi qui lui est supérieure, un ordre qui serait naturel et que seul un démiurge ou un déicide pourrait changer.

 

La légitimité, encore !

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Derrière les flonflons et les oriflammes, ce qui transparait dans les discours de cette Droite là et de cette Extrême-Droite ci, c'est la vision d'un ordre -qu'ils théorisent généralement naturel- et auquel il faudrait se plier. Virginie TELLENNE la peu frigide peut bien détourner la symbolique républicaine, son projet de société est à l'opposé de la République égalitaire. À coup de détournement de Jean MOULIN et d'affiche du 18 Juin 1940, à coup de manifestation place des Grands Hommes devant le Panthéon de la République, c'est contre la République que ces gens là agissent. Xavier BONNIGOT n'a-t-il pas répété à s'en blanchir les cheveux, que les partisans de l'égalité étaient des collabos, que HOLLANDE avait un comportement totalitaire tel HITLER,... Le « Printemps Français » (printemps pluvieux et de merde, d'ailleurs, cette année) estime le Gouvernement actuel non-légitime, puisqu'il s'oppose à une conception naturelle de la société. GUAINO, pour en revenir à lui, n'a-t-il pas glosé à s'en gausser sur le changement de civilisation qu'un Gouvernement des hommes n'avait pas le droit de se permettre ?

 

La légitimité, toujours, opposée à une « loi naturelle », encore !

 

Le détournement de la geste républicaine aura été une composante et une constance de la démarche des nervis de la loi naturelle. Contre la souveraineté populaire, ils n'auront parlé que de démocratie, de la majorité silencieuse qu'ils se sont autro-proclamés représenter, et tant pis si cette revendiquée majorité dite silencieuse contredit la majorité réelle, celle des urnes. Ils s'accaparent la seule légitimité qu'ils peuvent, contre la majorité démocratique, tout ça au service de leur projet de société, qui ne supporte pas de contradiction.

 

La Droite n'aime la République que quand elle lui assure ses privilèges de caste, l'Extrême-Droite n'aime pas la République car elle assure des droits aux minorités. La Droite et l'Extrême-Droite parle de la République que pour mieux s'opposer à la Démocratie. En fait, c'est gens n'aiment la Démocratie que quand elle correspond à leur vision (myope) du monde, un monde figé dans une image d'Épinal, qui est à la réalité ce que la sobriété est à Virginie TELLENNE : une approximation phantasmée.

 

 

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