C'est comme si on demandait à un affamé de manger moins

Madame la Maire,

Chers Collègues,

Mesdames, Messieurs,

Mon intervention au nom des élus Socialistes et Républicains ne pourra, sur cette délibération, qu'être rapide ; elle le sera un peu moins s'il y a quelques interruptions du public, qui ne sont effectivement pas dans la tradition républicaine depuis la Révolution française, mais que j'accepterai, car contrairement à ce que vient de déclarer un élu d'opposition qui pense qu'il n'a pas de leçons à recevoir, les leçons je les accepte quand elles viennent de mon seul souverain, le peuple. Je serai rapide donc, car à part dire que tous nous pouvons être heureux que la majorité fasse le choix de ne pas augmenter les taux communaux d'imposition et que -naturellement- nous voterons « pour », à part dire cela, je ne vois pas ce qu'il y a à dire…

Notre ville, nous le savons et le regrettons, à des taux d'imposition locaux élevés. Il faut le dire sans démagogie : dans une commune socialement et fiscalement défavorisée comme la nôtre, les besoins sont plus élevés qu'ailleurs et les ressources moins importantes ; c'est une réalité que les ressources de péréquation -la solidarité locale ou nationale- ne corrige que partiellement. Vaulx-en-Velin bénéficie de cette péréquation -en hausse cette année pour notre ville- mais jamais à hauteur des besoins.

Mais ce constat ne doit pas nous exonérer de notre responsabilité. Sa responsabilité ici ou ailleurs, ailleurs dans le temps ou ailleurs dans les lieux. Ailleurs dans le temps quand l'UMP oublie que la présidence sarkozyste fut marquée par la plus forte hausse d'impôt que la France ait connu ; ailleurs dans les lieux quand je vois des élus Front de Gauche voter « contre » -et avec des mots durs- les hausses quand ils sont dans l'opposition au Conseil Général et « pour » quand à la Métropole ils sont dans la majorité ; ailleurs dans le temps, car il faut bien qu'un jour, à Vaulx-en-Velin, ces taux d'imposition si élevés aient été votés !

Être « pour » l'impôt comme outil de redistribution, c'est aussi être pour un impôt qui ne soit pas vexatoire ou rédhibitoire, c'est être en permanence soucieux de celles et ceux qui, à Vaulx-en-Velin, paient les impôts, qui ne sont pas des gens assujettis à l'impôt sur la grande fortune, qui sont des gens qui font le choix de la réussite collective de notre ville dans leur parcours personnel de vie, mais qu'on ne peut pas sacrifier ou faire fuir par des hausses de la fiscalité qui ne seraient pas murement réfléchies et consciemment portées.

Comme le disait avec sa cruelle ironie Oscar WILDE et -je rassure tout de suite les mauvais esprits- sans partager son misérabilisme en reprenant sa citation : « On loue quelque fois les pauvres de leur frugalité, mais conseiller à un pauvre d'être frugal est grotesque, insultant. C'est comme si on demandait à un affamé de manger moins ».

Je ne sais pas ce que signifie une gestion « en bon père de famille » de l'économie ou de la fiscalité ; à défaut, j'essaie d'en avoir une approche intelligente, et de ne pas jouer avec les taux d'imposition communaux comme une simple variable d'ajustement. Je sais aussi ce que pourrait être une approche politicienne de la fiscalité : voter une hausse des taux en début de mandat et passer la suite du mandat à essayer de le faire oublier. Chacun ce soir témoignera que ce n'est pas le choix que nous allons faire.

Pour détourner les propos d'Oscar WILDE, je me refuse d'être insultant avec les Vaudaises et les Vaudais, en votant négligemment une hausse des taux communaux d'imposition, si avant je n'ai pas recherché tous les moyens pour la Ville d'être plus frugale. Être pour l'impôt, c'est le soutenir avec modestie, celle de toujours se mettre dans la situation de celle et de celui qui devra le payer. C'est pour quoi, au nom des élus Socialistes et Républicains, je me félicite de ce choix sérieux qui est proposé, le choix de ne pas augmenter les taux communaux d'imposition.