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Urbi et Orbi.

Publié le par Stéphane GOMEZ

     L'un s'appelait Augusto et l'autre Pier-Giorgio.

     L'un a eu des obsèques religieuses, à l'autre elles lui ont été refusées malgré sa foi affirmée.

     L'un a sur les mains le sang de milliers de morts et disparus, de plusieurs dizaines de milliers de torturés, et l'autre a demandé à terminer cette vie qui n'en était pas une.

     En quelques jours d'interval, l'Église catholique a démontré toutes les limites de son discours moral.

     Le chilien PINOCHET était un dictateur sanguinaire et même sadique, mais il a renversé un régime réellement laïque (voire laïciste) pour mettre à la place un système dans lequel étaient niées toutes les libertés, y compris la liberté de conscience remplacée par un ordre moral qui ne s'embarasse pas de considérations par trop humanistes. Le maintien de la prépondérence institutionnelle, politique et morale d'une Église, tout cela valait bien une messe.

     L'italien WELBI lui, ignonimie, bien que catholique préférait son éthique à la morale, danger constant des démocraties libérales qui, à force de dire aux individus qu'ils ont des droits, ont fini par en convaincre certaines que c'était vrai. Dans son souhait de mourir, il ne faisait de mal à personne, si ce n'est à lui même, en mettant fin à sa vie, mais sa vie il n'en avait plus, estimait-il. Il ne faisait de mal à personne, mais il refusait par son choix personnel l'ordre moral que certains bien pensant pensant pour nous veulent nous imposer. Cela explique bien que l'on prive un fidèle de messe.

     Par ce rapprochement de date, le Vatican se faire remarquer jusqu'à l'absurde. Mais en la matière, il serait injuste de ne faire reproche qu'à une seule religion de cette manière d'agir, tant toutes fonctionnent de la même manière, avec une vision intéressée de la liberté individuelle et de l'ordre social.

     Il ne s'agit pas de faire reproche aux uns et aux autres de leurs croyances, chacun est libre en la matière de croire ce qu'il veut ou de ne pas croire.

     Je me permets plutôt le constat de l'attitude institutionnelle des religions et de certains fidèles, qui est bien éloignée des valeurs préchées.

     Lorsqu'ils sont en position de faiblesse, les voici grands défenseurs de la laïcité, des libertés fondamentales. Je me souviens encore de discours de Jean-Paul II pour la reconnaissance de la laïcité dans la péninsule arabique, lui qui s'est dépéché de signer un concordat avec la Pologne; il était aussi prompte à dénoncer l'atteinte aux libertés (dont la liberté religieuse) dans les dictatures (enfin, dans certains types de dictatures). Un "imam" salafiste est dernièrement venu consulter des associations de défense des droits de l'Homme pour être soutenu dans son refus d'une expulsion vers la Tunisie, expulsion motivée par une condamnation pour terrorisme, et inacceptable selon lui car non content d'être père de 5 enfants en France il est aussi "gravement" malade. Serait-ce le rôle de ces associations de protéger en leur sein la vipère qui, réchauffée, les mordra?

     Mais en position de force -et pour arriver ou se maintenir en cette position, beaucoup de manières sont acceptables, y compris celles contraires à la morale dont on se drape- les institutions religieuses se montrent moins libérales. En matière d'éthiques, elles veulent penser pour nous, nous imposer leur morale, loin des libertés et droits individuels dont elles se réclament en position de faiblesse.

     Élevés sur le piédestal de leur vérité, beaucoup de religieux n'ont pas encore intégré la liberté de conscience. Il peuvent s'en réclamer, comme ils se réclament parfois de la laïcité et d'autres droits qu'ils ont à d'autres moments combattus. Mais ils ne parviennent pas à accepter que l'on pense et agit différemment d'eux même si cela ne leur nuit pas.

    On finit par s'en accomoder, même lorsqu'on refuse au moment de Noël à un croyant un sépulture chrétienne, tandis que les cloches sonnent pour un dictateur sanguinaire.
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