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Un peu d'éthique

Publié le par Stéphane GOMEZ

     De retour sur mon blog, que je délaisse honteusement depuis quelques semaines, puisqu'à mon militantisme habituel de cumulard, je rajoute actuellement la tournée de sections socialistes pour défendre l'investiture de Laurent FABIUS à la candidature socialiste.

     La tache n'est pas aisée, non pas parce que je doute du candidat, de sa ligne politique et de sa stratégie; la qualité de ses réponses ce midi dans l'émission de Canal + ne peut que mieux me convaincre de mon choix: il fut simple et claire, émouvant même lorsqu'il explique qu'il ne s'exprimera pas -bien qu'aillant été totalement blanchi lors du procès- sur ses souffrances personnelles liées à l'affaire du sang contaminé, par respect pour les souffrances de toutes les victimes et leurs proches.

     Ce qui m'a épuisé dans cette campagne interne, plus que toutes celles auxquelles j'ai pu participer depuis le temps que m'adonne à l'exercice, c'est le niveau de certaines interventions, fort heureusement minoritaires mais au combien lassantes.

     D'abord, il y a toute cette politique de l'anecdote qui tient lieu de projet politique, de programme, il y a cette communication du bon sentiment et de la banalité, qui tiennent lieu d'engagement et qui plaisent. Je me suis engagé en politique pour changer la vie, je me retrouve avec des discussions de café.

     Ce sont ensuite les attaques personnelles, sur la probité du candidat, pourtant le seul à assumer ses choix et ses changements, pour mieux répondre aux changements du capitalisme. Certains se drapent dans leur vertue, se victimisent pour mieux constamment attaquer les individus sans jamais rien dire sur leur ligne politique et leur stratégie, et à dire vrai, après avoir cru à un épiphénomène de début de campagne, cela m'insupporte à un point élevé. Pour l'exemple, je me suis entendu dire que j'étais stalinien parce que j'affirmais qu'être une femme n'est pas une ligne politique; dans ma section, les échanges ont commencé par le sang contaminé et le Rainbow Warrior.

     Tout comme d'ailleurs m'insupportent les valses hésitations sur des propos, que l'on veut constamment nier, modifier. Nous devons être, à en croire certains partisans, dans un pays d'imbéciles, où ni les journalistes, ni les citoyens ne comprennent ce qu'ils entendent ou lisent. Sur les 35 heures, les écoles, la carte scolaire, le nucléaire, les délocalisations, le rôle de l'État, le mariage homosexuel,… nous avons tous compris de travers, et donc nous menons, en pointant les contradictions du jour au lendemain entre certains affirmations, des attaques de personne. Sic.

     Faut-il s'en excuser, il n'y a rien de personnel de réclamer une ligne politique claire, et si possible une ligne politique socialiste quand on est au Parti Socialiste. Parler au plus grand nombre ce n'est pas dire ce que le plus grand nombre a envie d'entendre, à coup de simplismes édifiants et écoeurants, qui peuvent porter à court terme mais ne permettent pas d'avancer à moyen terme et relève surtout d'une éthique surprenante (pour m'en tenir à un euphémisme). Populaire et populisme sont 2 termes qui en politique ont une racine divergente.

      Que chacun soit précis et surtout assume ses propos. On vient de me répondre par mail, que j'étais un loup (le mot est poli) ou que j'étais dégueulasse (celui-là l'est un peu moins déjà) pour avoir diffusé une vidéo dans laquelle un des candidats à l'investiture socialiste s'en prenait aux enseignants! Est-ce moi qui est prononcé ses propos? Est-ce ma faute s'ils ne sont plus assumé par leur auteur, qui essaie de nous expliquer qu'il fallait comprendre du conditionnel là où on entend de l'affirmatif.

     On est bien loin des grandes intentions sur la démocratie de proximité, la participation citoyenne, mais il est vrai qu'il est difficile de convaincre sur ce point quand on estime par la suite dans un journal que "le peuple n'a pas toujours raison". Et c'est une gageur de vouloir rénover les pratiques lorsqu'on s'entoure de ce que la parti peut avoir de plus apparatchik. Je ne parle même pas des résultats déjà prévus dans certaines certaines fédérations méridionales (et d'autres) mais aussi de propos abjectes, lorsqu'un maire par exemple, qui a mis 20 ans à conquérir l'Hôtel-de-Ville, déclare dans sa section que si l'on ne vote pas pour sa candidate il démissione, car ce serait voté contre lui.

     Reste un dernier point, en matière d'éthique et de renouvellement des pratiques politiques, toujours dans cette vidéo dont tout le monde parle. Nous avons tous réagit sur les propos sur les enseignants, mais ce n'est pas ce qui me choque le plus. La proposition est démagogique, mais elle est posée, on peut la critiquer. Ce qui me dérange le plus, c'est la suite de la vidéo, lorsqu'"on" nous explique que pour faire passer cette "réforme", il faudrait un accord secret avec les syndicats, pour l'imposer sans débat dans les lendemains euphoriques de l'élection. Faire immédiatement ce qui n'était pas dans le programme, le faire en accord avec des syndicats sur la base d'un accord secret, voilà une drôle de méthode.

     On a fait à François MITTERRAND le reproche de prendre le parti par la Gauche; d'autres veulent le prendre de l'extérieur, à coup de sondages sans fondement, sur une base statistiquement inacceptable (un sondage -ce matin- est sur 216 personnes, soit avec une marge d'erreur de 16 points!) et un corps sociologique faux (30 sondages depuis octobre: tous sur les Français ou les sympathisants socialistes, aucun sur les adhérents, qui -eux- voteront), et à coup de petites phrases populistes et de contradictions constantes. Pour qui prétend rénover la politique, on a connu mieux, chez certains qui ne se drappaient pas dans le linceul blanc de leur éthique…

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