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On n'est jamais aussi bien servi que par soit même!

Publié le par Stéphane GOMEZ

La supercherie du supermarché :
une «claque» pour Luc Chatel

Le ministre qui engage, devant les journalistes, une discussion amicale et flatteuse avec des clientes de supermarché... Des clientes qui s'avèrent être des militantes UMP. La pratique est ancienne. Retour en arrière.

 

 

Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, venu vérifier les engagements de la grande

Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel,

venu vérifier les engagements de la grande distribution en matière de prix, le 17 août 2009. (AFP)


Excès de zèle de sympathisants ou communication réglée comme du papier à musique ? La question est posée après la visite, lundi, du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, dans un supermarché de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Une promenade ministérielle anodine à la veille de la rentrée des classes. Le ministre est venu parler des «essentiels» de la rentrée, ces fournitures scolaires vendues à bas prix.

 

Déambulant dans les rayons, sous les objectifs d'une batterie de caméras et les yeux d'une cohorte de journalistes, Luc Chatel interroge des mères de famille au chariot visiblement bien remplis. Toutes sont agréablement surprises et satisfaites de l'opération. Carton plein pour le ministre? Trop beau pour être vrai. «C'était vraiment le hasard», commentera Luc Chatel.

 

Un «hasard» qui interpelle alors des journalistes présents sur les lieux. La supercherie du supermarché est révélée ce mardi matin sur les ondes par France Inter. Ce qui apparaît comme une visite de routine ne serait en fait que pure mise en scène. L'une des mères de famille est une sympathisante UMP, assure la radio, venue d'une des fédérations avoisinantes gonfler les rangées du supermarché quelque peu vide, à 11 heures du matin un 17 août. On appelle ça assurer la «claque».

Morano et le «client idéal»

Ce n'est pas la première fois que l'UMP est dénoncée pour avoir utilisé de tels stratagèmes. On se souvient de Nadine Morano, alors secrétaire d'Etat à la Famille lors d'un déplacement ministériel dans un supermarché à Marseille pour le lancement médiatique de la nouvelle allocation de rentrée scolaire (ARS). C'était il y a un an presque jour pour jour, elle était tombée sur le «client idéal». En réalité, un proche du député UMP Richard Maillé...  Les caméras de Rue 89 étaient là.

Débarquement d'umpistes

Dans un autre registre, mais tout aussi symptomatique d'une mise en scène bien orchestrée, le Canard Enchaîné dans son édition du 10 juin, rapportait qu'aux cérémonies du débarquement du 6 juin, un seul laisser-passer était nécessaire pour venir saluer dans le centre-ville de Caen l'arrivée de Barack Obama : «La carte de l'UMP». «Au centre de Caen, nul n'a le droit d'accueillir Obama, excepté les encartés UMP, triés. Etre militant sarkozyste, c'est le sésame obligatoire. Et foin de bonne éducation. Car voilà la claque UMP qui offre un splendide spectacle à Obama. Huant Philippe Duron, le maire socialiste de Caen, criant son enthousiasme à Sarko...», rapportait la journaliste Dominique Simonnot. Les exemples sont nombreux de «bidonnages» politico-médiatiques. Et dans le rôle de l'acteur, on retrouve souvent les mêmes.

 

Lors d'un déplacement à la Réunion en février 2007, Nicolas Sarkozy qui n'était alors que le ministre de l'Intérieur, avait eu droit aux fastes des superproductions. Libération était présent. «Le maire [de Saint-Paul] lui avait organisé une fiesta totalement articficielle, mais remarquable d'un point de vue mise en scène pour engranger des images. Tout était en carton-pâte sur la carte postale : les militants avaient été amenés en bus avec leurs enfants, les groupes de musiciens malgaches et tamouls sur son parcours en front de mer dûment rémunérés», écrivait, le 17 février 2007, Antoine Guiral, journaliste à Libération.  

Payés pour écouter

Le site de critique des médias, Acrimed, avait quelques années auparavant, mis en exergue ces pratiques, avec une fois encore Nicolas Sarkozy en guest star. En mai 2003, une opération de communication «24 heures pour sauver 24 vies» tourne au pastiche : 500 personnes sont payées pour écouter un discours de Sarkozy sur la sécurité routière.

 

Dans un communiqué, des figurants de cette mascarade expliquent à Acrimed : «Intermittents du spectacle, nous avons été engagé pour un contrat de figuration de deux heures. On nous avait annoncé que nous travaillerons pour un clip. Il s'agissait en réalité d'une opération pour la sécurité routière (...) Dès la signature de nos contrats, on nous a demandé de nous allonger et d'observer une minute de silence. Puis, la dernière demi-heure, les ministres Nicolas Sarkozy et Gilles de Robien sont apparus et ont entamé un discours. Nous sommes donc fondés à dire que le public de Nicolas Sarkozy était payé pour écouter.»


Une histoire qui rappelle étrangement un autre bidonnage. En 1990, Olivier Stirn, ministre «centriste» chargé du tourisme dans le gouvernement Rocard, avait rémunéré des figurants pour assurer la «claque» lors d'un colloque dans lequel intervenaient plusieurs personnalités politiques. Après ces révélations, Stirn avait été contraint et forcé... de claquer la porte.

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