2011: la rentrée peau de chagrin

A trop être usée, l'Education Nationale se réduit à rien, ou presque. Enfermés dans leur logique gestion libérale et de rejet de dogmatique du Service Public en général, d'une Education Nationale comme outil de promotion et d'émancipation en particulier, le Gouvernement et le ministre de l'EN auront fini par réduire comme peau de chagrin notre école à un carré de cuir usé et inutilisable

Dans le 1er degré, pour 1700 élèves de plus, nous arrivons à la conséquence de... 20 postes en moins! Les demandes de temps partiel ne sont plus assurées, les postes de remplaçants sont supprimés, les ouvertures des classes bloquées quand bien même le nombre attendu d'élèves par classe est avéré. Pour faire bonne mesure, le recul sur la scolarisation des élèves de 2 ans s'accroît, le nouvel Inspecteur d'Académie insistant sur le fait que le Code de l'Education prévoit un accueil et non une scolarisation des enfants de 2 ans, nuance légale mais que la FSU et le SNUipp-FSU ne sauraient entendre. Parallèlement, ce sont bien l'ensemble des moyens des dispositifs adaptés, des RASED au CLIS, qui sont réduits, fragilisant toujours plus l'accueil des publics les plus fragiles.

Dans le 2^nd degré, pour faire illusion et masquer la réalité des suppressions de poste (plus de 100 dans les collèges du Rhône, 140 dans les lycées généraux, technologiques et professionnels et 13 dans les SEGPAs), l'Inspection Académique et le Rectorat multiplient la création de postes à compléments de service, dans lequel le professeur n'a pas la certitude ni d'effectuer la majorité de son service dans son établissement, ni d'effectuer son complément toujours dans le même établissement: les inconvénients de la situation du TZR sans les rares contreparties qui vont avec. Face au risque de recours contre ces compléments de service illégaux, le Rectorat joue la carte de la suppression de ces postes fixes précaire ou celui de la bivalence, de manière d'autant plus crédible que cette année il a multiplié l'affectation de TZR de Sciences Physiques en Mathématiques ou de STI en Technologie!

A cela s'ajoute la « labellisation » autoritaire de plusieurs collège RAR en établissements CLAIR (Collèges, Lycées, Ambition, Innovation, Réussite), sans consultation des équipes pédagogiques, avec comme seuls projets « innovants » la dérogation au mouvement ordinaire de mutation, la suppression des moyens supplémentaires de RAR, la création de hiérarchies intermédiaires avec droit de regard sur le contenu pédagogique des enseignants, la renonciation aux horaires planchers et aux programmes nationaux ou la mise en place de l'EIST (Enseignement Intégré des Sciences et Technologie: un seul professeur devra assurer les enseignements de SVT, Sciences Physiques et Technologie).

Dans l'Enseignement Professionnel, les coupes sévères dans les postes se poursuivent alors que plus d'élèves sont attendus. Le secteur tertiaire est particulièrement touché: de nombreux postes supprimés, des classes à 30 ou 32 élèves contraires à la réussite individuelle de chacun,.... Plus d'élèves par classe, moins d'heures d'enseignement professionnel, la disparition de l'examen terminal du Bac Pro: n'est-ce pas un début d'explication à un absentéisme croissant constaté dans de nombreux lycées professionnels?

L'Education Nationale façon CHATEL and Co. est donc réduite à peau de chagrin. Mais que le ministre et ses affidés se méfient. Des Proscrits à Splendeur et misère des courtisanes, la liste est longue de l'oeuvre de la Comédie Humaine... Au coeur de cette comédie à l'italienne que nous joue le ministère depuis trop longtemps, les enseignants avec les parents d'élèves, resteront mobilisés, pour continuer à porter et défendre un projet éducatif ambitieux, qui assure la réussite de chaque élève, qui reste lié à des conditions de travail améliorées pour les professeurs.